Nous nous sommes entretenus avec Andrea Prata pour faire le point sur le dernier rebondissement concernant MaPrimeRénov’.
Andrea, un nouveau revirement concernant MaPrimeRénov’ a été annoncé. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Andrea Prata : Absolument. C’est une véritable série à rebondissements ! Alors qu’une rencontre clé avec les acteurs du bâtiment était prévue ce mardi 17 juin, le ministère du Logement a finalement confirmé le maintien de MaPrimeRénov’ pour les travaux dits « monogestes » — comprenez l’isolation, le remplacement de chaudière, et autres interventions isolées — durant la période estivale.
Donc, si je comprends bien, le guichet des « monogestes » qui devait fermer cet été restera ouvert ?
AP : Exactement. Initialement, il était prévu que ce dispositif soit suspendu entre le 1er juillet et le 15 septembre. Contrairement aux aides pour les rénovations globales, les « monogestes » resteront accessibles. Le cabinet de la ministre a clairement indiqué que « le guichet des « monogestes » ne fermera pas pour l’été », précisant que cette décision fait suite à un « fort mécontentement » exprimé par la filière.
Comment cette décision a-t-elle été accueillie par les professionnels du secteur ?
AP : C’est un soulagement, mais teinté de prudence. Les organisations professionnelles, comme la Fieec et la Capeb, saluent cette décision. Elles y voient un « minimum vital » pour maintenir l’activité, surtout pour les artisans. Cependant, le ministère a été très clair : ce maintien n’est pas synonyme de « pérennisation sans conditions ».
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Une refonte du dispositif est-elle à prévoir ?
AP : Précisément. Une révision des critères est déjà à l’étude pour 2026. L’objectif est de recentrer les aides sur les « passoires thermiques » et d’envisager une baisse des plafonds subventionnables. Il y aura probablement une refonte significative.
Pouvons-nous avoir quelques chiffres sur l’impact de ce dispositif jusqu’à présent ?
AP : Bien sûr. Depuis janvier 2025, 78 000 « monogestes » ont été subventionnés, avec une aide moyenne de 4 000 €. En comparaison, 44 000 rénovations globales ont été soutenues, avec une moyenne de 40 000 €. Cela représente trois fois plus de dossiers « monogestes » qu’en 2024.
Une hausse des dossiers s’accompagne souvent d’un revers de la médaille, n’est-ce pas ?
AP : Tout à fait. Cette augmentation s’accompagne malheureusement d’un risque accru de fraude. Actuellement, pas moins de 16 000 dossiers sont jugés suspects. Sur ce point, Valérie Létard a clairement exprimé sa volonté de reprendre en main le dispositif pour lutter activement contre les fraudeurs.